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Défaillances d'entreprises : quelles perspectives pour l'après-crise ?

Année atypique, 2020 a laissé place à 2021 pleine de promesses. Or, le premier trimestre passé, force est de constater que la reprise n'est pas pour tout de suite. Dans sa dernière étude Ellisphère met les entreprises en garde contre l'effet retard de la crise.

Publié par Marwa Nakib le | Mis à jour le
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Défaillances d'entreprises : quelles perspectives pour l'après-crise ?

Les défaillances d'entreprises, qu'il s'agisse de redressement, de procédure de sauvegarde, ou de liquidation judiciaire directe, ont connu une baisse historique (-39%) en 2020, pour les 22 secteurs d'activité en France. Baisse qui ne serait que temporaire et ne reflèterait pas la situation économique réelle des entrerpises, mais tout simplement l'effet provisoire des mécanismes de soutien financier de l'État (chômage partiel, report des charges fiscales et sociales, PGE...).

En effet, selon la dernière étude d'Ellisphere, un effet retard de la crise est attendu, avec une première vague de défaillances prévue à la fin du premier semestre 2021, avec la clôture des comptes sociaux 2020, et une deuxième vague en 2022, lors des premières échéances de remboursement des prêts garantis par l'État. Des prévisions soutenues par les tendances à la liquidation judiciaire (82%, contre 70% habituellement) auprès des greffes des tribunaux de commerce, et le faible nombre de décisions favorables à la survie des entreprises.

L'année 2021, qui devait être l'année de la reprise, patine au démarrage. Les défaillances d'entreprises sont attendues à la hausse tout au long de l'année, et sont estimées entre 50 000 (niveau 2019) et 62 000 (niveau post crise 2008). Quant aux prévisions de croissance économique, de +6%, elles ont déjà été revues à la baisse et reflètent davantage une remise à niveau par rapport à 2020, plutôt qu'une réelle reprise. La situation devrait rester difficile jusqu'à l'été.

Le monde après la crise

Quel scénario de sortie de crise faut-il envisager pour l'année à venir ? Selon Ellisphere, l'évolution de la situation dépendra largement de la poursuite des mesures de soutien gouvernementales, qui, une fois débranchées, pourraient fragiliser beaucoup d'entreprises. Cela s'applique surtout aux TPE, qui forment la grande majorité (88%) des bénéficiaires de PGE, et aux secteurs d'activité sous fermetures administratives. Ces derniers sont les plus touchés par la crise (évènementiel, restaurants, salles de sport, tourisme..), et n'ont toujours pas de visibilité sur leur date de reprise.

Le nombre de défaillances dépendra aussi des politiques d'emprunt des organismes financiers, et leur capacité à subvenir aux besoins en trésorerie de leurs clients. Or, on constate déjà un taux de refus des dossiers crédit en augmentation (15% en 2020 contre 5,5% en 2019) !

Des restructurations en perspective

Comme le monde de l'après crise sera façonné par la capacité des acteurs économiques à rembourser leurs dettes, une accélération des rapprochements entre entreprises est attendue dans les secteurs d'activité les plus capitalistiques. Quant aux activités où les marges sont faibles, les entreprises devraient pouvoir capitaliser sur la trésorerie disponible grâce aux PGE, afin de reconstituer leurs stocks, en anticipation du paiement de leurs charges futures.
Il n'en reste pas moins que les entreprises anticipent d'ores et déjà les difficultés de la période à venir et gèrent leurs activités et leurs effectifs en conséquence, avec la mise en place de restructurations, plans de départs volontaires, plans sauvegarde de l'emploi, et fermetures de sites définitives.

L'étude conclut que les entreprises (notamment les PME et les ETI) devront entamer leur transformation technologique et réorienter leurs investissements vers l'adoption d'un nouveau modèle économique. Pour accompagner ces chantiers de transformation, le rôle des directions financières sera primordial.

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